« Tous les Allemands sont musiciens » chantait Patrick Topaloff, et Silent Circle confirme cet adage visionnaire. En effet le groupe composé du très capillaire Martin Tychsen, d’Axel Breitung et Jürgen Behrens propose dès 1985 une italo-disco joviale et audacieuse, à la confluence parfaite entre Alphaville et les Musclés.
Touch in the night – littéralement touche dans la nuit – c’est le nom de cet opus débridé qui fait la part belle à l’italo-disco saveur batcave comme au vendeur de beignets de Palavas-les-flots. Ambiance chaises longues et canons à fumée, le trio met l’œcuménisme musical au service de la vibra daube ; Casimir au pays de la new-wave qui transpire.
Pour faire une chouette chanson sur Isabelle, le truc c’est de trouver de bonnes rimes. Évidemment Jess & James, sympathique duo créatif des années 80, ont pensé à « belle », parce que « Isabelle elle est belle ! ». À ce stade on s’attend à une apothéose lexicologique.
Hélas viennent ensuite « les caramels de la Rochelle », pourquoi pas… Puis « balancelle pour la demoiselle » effondre toute la magie. Quelle tristesse, quel dommage. Jess, James, franchement, pourquoi ne pas avoir sollicité les copains pour trouver mieux ? Ainsi notre grand ami Jean-Luc Lahaye aurait pu vous suggérer « Décibelle ». Il y avait aussi « rebelle », « ribambelle », « mirabelle », « nacht und nebel » ou même « Babybel ».
Bling ! Bling ! Les fêtes sont à peine épongées que voilà le début des soldes d’hiver. Je ne sais pas ce qu’il en est de vous, mais pour Alexandre Castel c’est une frénésie dépensière : un sweat manches longues Maya l’abeille, un pantalon cuir ultra-moulant, un soin du visage, un brushing façon Richard Dean Anderson. Son déhanché enflamme les caisses enregistreuses. Mais quand le chanteur Suisse fait ses comptes, le refrain tombe comme un premier tiers « bobo mes sous ». L’ensemble est soutenu par une mélodie fraîche et guillerette comme un contrôle fiscal.
« Il n’y a plus rien dans ma tirelire ». Vite, un tube en promo ! Top Daube, c’est jusqu’à 50% sur la variété dégriffée.
La jeunesse est une source d’inspiration intarissable pour les artistes. En 1983, Monseigneur Philippe Barbarin n’est encore qu’un jeune prêtre dans le diocèse de Créteil. En 1983, Céline Vincent organise une boum dans le F2 familial, au milieu des posters d’Indochine et des Stray Cats. Dans cette ambiance survoltée – brushings, appareils dentaires et pulls Jacquard – l’ingénue pousse un cri du cœur :
« J’ai treize ans très envie, de lui dire qu’il est beau.
J’ai treize ans très envie… mais c’est trop tôt ! »
Certes. Un refrain tout en fraîcheur et en subtilité tel que nous les affectionnons, une mélodie de bien belle facture portée par les choristes de Boney M., sans oublier un vidéoclip époustouflant ; bref, tous les ingrédients du succès sont assurément réunis dans le petit duplex insolent de Céline.
Aux âmes bien nées, disait Corneille, au demeurant visiteur assidu du Top Daube, la valeur n’attend point le nombre des années.
À part le fait d’être suisses, et donc de manger profusion de raclette, qu’ont en commun Francis Pauchard, Claudine Chirac et Jet Harbour ? Vous donnez votre langue au chat (laid) ? C’est bien légitime puisque l’histoire n’a pas retenu le groupe Starter. Nous en revanche si, et notamment pour ce grand moment de musique électro-lémanique à la gloire du dénuement pelvien.
Ce titre réunit pourtant tous les ingrédients de la Neue Deutsche Welle – comprendre Nouvelle Vague Allemande – qui auraient pu en faire un banal succès. Certes. Mais quelque chose de l’ordre de la malchance (capillaire, vestimentaire, chorégraphique, qu’en pensez-vous ?) lui a tracé un tout autre destin. Il suffit parfois d’un rien, un grand rien, pour basculer dans la daube de classe internationale.