Aujourd’hui c’est la rentrée des classes, et donc un peu la rentrée de la classe. Pour célébrer cette journée toute consacrée à nos jeunes têtes blondes, une note de fraîcheur catholique s’imposait. Ainsi c’est drapé dans une austérité quasi ecclésiastique que Michel Comyn – artiste, compositeur, interprète et accessoirement vieux monsieur – frictionne sa guitare pour lancer cette terrible menace à tous les méchants du monde : « Touche pas aux enfants ! »
Et pour clamer bien haut sa colère face à la souffrance des jeunes, quelle plus belle allégorie que le sacrifice du petit Jésus ? « Les hommes sont grands, mais pas les enfants. » Encore faut-il le dire. Puisque personne ne semble décidé à s’y coller, Michel se propose même pour le poste de nouveau Messie. « J’veux qu’on me crucifie ! J’veux qu’on me crucifie ! ».
Pas sûr que ça change grand-chose pour les gamins mais en tout cas c’est bien parti.
Dans quelques jours la France accueillera cette grande fête du sport et de l’esprit que constitue le championnat d’Europe de football. Nous ne saurions manquer l’occasion de rendre hommage à quelques anciennes gloires de la discipline et le choix est cornélien tant nombre d’artistes, d’intellectuels et de révoltés philanthropes sont issus de cette belle école de la vie.
Ainsi Joël Bats, après avoir valeureusement interposé sa personne pour protéger la cage nationale pendant dix ans, a subitement embrassé la vocation chorale prouvant aux plus malveillants qu’un homme de cheveux peut aussi occulter un homme de cœur. Est-ce la pelouse détrempée du stade de l'Abbé-Deschamps qui inspira à Joël cette ritournelle philosophique du gros escargot cherchant une limace pour une sortie sous la pluie ? Difficile de ne pas entendre derrière la rime une puissante allégorie de la solitude des temps modernes, de la futilité des relations dans des sociétés devenues égoïstes.
Voilà qui méritait bien un passage à l’école des fan-zones…
« Était-ce bien vrai ? Était-ce bien réel ? » C’est le questionnement qui assaille Joguitac, le nouveau prodige de la guitare sèche et de la saucisse électrique qui fait vibrer son instrument avec l’accent de Montpellier. « Elle te sécurise et te caresse ». Au fond, la vibra daube est comme ces anges coquins qui te visitent la nuit mais que – heureusement peut-être – « tu ne peux jamais voir ». « Ils sont là juste pour le plaisir », mais nous aussi Jojo, sincèrement ! Et puisque c’est à eux que tu dédicaces cette merveilleuse balade daubique, plus que jamais nous sommes tous les enfants de Joguitac.