L’événement planétaire de la semaine, c’est bien sûr la sortie du nouvel opus de Star Wars, le Réveil de la Force. Avouez que pour l’occasion, la tentation était trop belle de réveiller René Joly !
Vous ne le savez sûrement pas, mais René est un chanteur autodidacte – plus autodidacte que chanteur d’ailleurs – originaire de Calais. Et comme tous les gens du Nord il réalise plein de choses sympas. Il connaît même une petite gloire à la fin des années 70 en participant à l’aventure Starmania, contribution depuis supprimée des rééditions numériques, mais ça c’est la rançon de l’insuccès.
C’est en 1977 justement, suite à la diffusion de la Guerre des étoiles, qu’il offre sa voix aux paroles puissantes de son ami Étienne Roda-Gil. René Joly c’est le personnage jovial avec la coupe de Dominique Rocheteau que l’on voit littéralement sourdre de l’écran dans ce vidéoclip bourré d’effets spéciaux à faire pâlir la Lucasfilm.
« Là-bas, le fer s’emballe ! » Enfin, pas trop tout de même. René a depuis complètement disparu dans le vide sidéral ; de quoi rappeler que Joly c’est définitivement qu’un nom.
Juin, par étymologie, c’est le mois de Junon, soit Juno en latin ; l’occasion est donc idéale de vous faire découvrir le grandiose François Juno.
D’emblée – entendez dès la pochette – on se laisse séduire par ce sympathique rhapsode joufflu, au look vaguement Mazamétain, qui bouscule les codes capillaires et vestimentaires pour imposer sa jovialité surannée. Pour le daubiste averti la chanson « l’An 1999 » n’est pas nouvelle ; on peut même se risquer à dire que c’est un tube. Écrit par Fefeu et composé par Gérard Demaizière ce monument du glauque a fait la gloire d’autres vocalistes comme Sylvie Mestres, qui a représenté la France à l’Eurovision sous le pseudonyme quasi palindromique de Nayah.
« Enfant tu deviendras grand. Enfant on a tout notre temps. » François Juno se pose en prédicateur de la réglementation pénale et prône les vertus de la patience pour ce qui touche aux droits des mineurs. Ce qui n’empêche pas – en attendant – de fantasmer un peu : « Porteras-tu des robes de dentelle, en plastique, en skaï, en arc-en-ciel ? » Une sublime allégorie du transit des jours, à écouter comme on va faire, en toute discrétion, « dans le jardin derrière la maison ».
Dans quelques jours la France accueillera cette grande fête du sport et de l’esprit que constitue le championnat d’Europe de football. Nous ne saurions manquer l’occasion de rendre hommage à quelques anciennes gloires de la discipline et le choix est cornélien tant nombre d’artistes, d’intellectuels et de révoltés philanthropes sont issus de cette belle école de la vie.
Ainsi Joël Bats, après avoir valeureusement interposé sa personne pour protéger la cage nationale pendant dix ans, a subitement embrassé la vocation chorale prouvant aux plus malveillants qu’un homme de cheveux peut aussi occulter un homme de cœur. Est-ce la pelouse détrempée du stade de l'Abbé-Deschamps qui inspira à Joël cette ritournelle philosophique du gros escargot cherchant une limace pour une sortie sous la pluie ? Difficile de ne pas entendre derrière la rime une puissante allégorie de la solitude des temps modernes, de la futilité des relations dans des sociétés devenues égoïstes.
Voilà qui méritait bien un passage à l’école des fan-zones…
Bling ! Bling ! Les fêtes sont à peine épongées que voilà le début des soldes d’hiver. Je ne sais pas ce qu’il en est de vous, mais pour Alexandre Castel c’est une frénésie dépensière : un sweat manches longues Maya l’abeille, un pantalon cuir ultra-moulant, un soin du visage, un brushing façon Richard Dean Anderson. Son déhanché enflamme les caisses enregistreuses. Mais quand le chanteur Suisse fait ses comptes, le refrain tombe comme un premier tiers « bobo mes sous ». L’ensemble est soutenu par une mélodie fraîche et guillerette comme un contrôle fiscal.
« Il n’y a plus rien dans ma tirelire ». Vite, un tube en promo ! Top Daube, c’est jusqu’à 50% sur la variété dégriffée.
La jeunesse est une source d’inspiration intarissable pour les artistes. En 1983, Monseigneur Philippe Barbarin n’est encore qu’un jeune prêtre dans le diocèse de Créteil. En 1983, Céline Vincent organise une boum dans le F2 familial, au milieu des posters d’Indochine et des Stray Cats. Dans cette ambiance survoltée – brushings, appareils dentaires et pulls Jacquard – l’ingénue pousse un cri du cœur :
« J’ai treize ans très envie, de lui dire qu’il est beau.
J’ai treize ans très envie… mais c’est trop tôt ! »
Certes. Un refrain tout en fraîcheur et en subtilité tel que nous les affectionnons, une mélodie de bien belle facture portée par les choristes de Boney M., sans oublier un vidéoclip époustouflant ; bref, tous les ingrédients du succès sont assurément réunis dans le petit duplex insolent de Céline.
Aux âmes bien nées, disait Corneille, au demeurant visiteur assidu du Top Daube, la valeur n’attend point le nombre des années.