Juin, par étymologie, c’est le mois de Junon, soit Juno en latin ; l’occasion est donc idéale de vous faire découvrir le grandiose François Juno.
D’emblée – entendez dès la pochette – on se laisse séduire par ce sympathique rhapsode joufflu, au look vaguement Mazamétain, qui bouscule les codes capillaires et vestimentaires pour imposer sa jovialité surannée. Pour le daubiste averti la chanson « l’An 1999 » n’est pas nouvelle ; on peut même se risquer à dire que c’est un tube. Écrit par Fefeu et composé par Gérard Demaizière ce monument du glauque a fait la gloire d’autres vocalistes comme Sylvie Mestres, qui a représenté la France à l’Eurovision sous le pseudonyme quasi palindromique de Nayah.
« Enfant tu deviendras grand. Enfant on a tout notre temps. » François Juno se pose en prédicateur de la réglementation pénale et prône les vertus de la patience pour ce qui touche aux droits des mineurs. Ce qui n’empêche pas – en attendant – de fantasmer un peu : « Porteras-tu des robes de dentelle, en plastique, en skaï, en arc-en-ciel ? » Une sublime allégorie du transit des jours, à écouter comme on va faire, en toute discrétion, « dans le jardin derrière la maison ».
La jeunesse est une source d’inspiration intarissable pour les artistes. En 1983, Monseigneur Philippe Barbarin n’est encore qu’un jeune prêtre dans le diocèse de Créteil. En 1983, Céline Vincent organise une boum dans le F2 familial, au milieu des posters d’Indochine et des Stray Cats. Dans cette ambiance survoltée – brushings, appareils dentaires et pulls Jacquard – l’ingénue pousse un cri du cœur :
« J’ai treize ans très envie, de lui dire qu’il est beau.
J’ai treize ans très envie… mais c’est trop tôt ! »
Certes. Un refrain tout en fraîcheur et en subtilité tel que nous les affectionnons, une mélodie de bien belle facture portée par les choristes de Boney M., sans oublier un vidéoclip époustouflant ; bref, tous les ingrédients du succès sont assurément réunis dans le petit duplex insolent de Céline.
Aux âmes bien nées, disait Corneille, au demeurant visiteur assidu du Top Daube, la valeur n’attend point le nombre des années.