Top ! Je suis l’animateur préféré des cartes vermeils et des fonctionnaires des Postes. J’ai été récemment débarqué de ma case par la nouvelle direction de France Télévisions et c’est un drame national. Cependant, j’ai eu une vie auparavant. J’ai porté la coupe de Pierre Richard et j’ai connu une carrière musicale prometteuse, en composant notamment « pour le plaisir » d’Herbert Léonard et aussi le vôtre aussi, ne le boudez pas. J’ai également chanté de belles balades romantiques, en playback, comme ce titre « de retour de vacances » que le Top Daube a sélectionné pour vous. Bref, je suis un champion. Je suis, je suis… Julien Lepers !
Reconnaissons qu’avec 1,3 million d’euros d’indemnités, des vacances, Julien va enfin pouvoir en prendre.
La jeunesse est une source d’inspiration intarissable pour les artistes. En 1983, Monseigneur Philippe Barbarin n’est encore qu’un jeune prêtre dans le diocèse de Créteil. En 1983, Céline Vincent organise une boum dans le F2 familial, au milieu des posters d’Indochine et des Stray Cats. Dans cette ambiance survoltée – brushings, appareils dentaires et pulls Jacquard – l’ingénue pousse un cri du cœur :
« J’ai treize ans très envie, de lui dire qu’il est beau.
J’ai treize ans très envie… mais c’est trop tôt ! »
Certes. Un refrain tout en fraîcheur et en subtilité tel que nous les affectionnons, une mélodie de bien belle facture portée par les choristes de Boney M., sans oublier un vidéoclip époustouflant ; bref, tous les ingrédients du succès sont assurément réunis dans le petit duplex insolent de Céline.
Aux âmes bien nées, disait Corneille, au demeurant visiteur assidu du Top Daube, la valeur n’attend point le nombre des années.
Voici qu’arrive l’été, le temps des mélodies triviales et insouciantes. Dans le monde oublié de Guy Vivien, on cultive la nostalgie des douces rêveries sur la plage, en écoutant un vieux transistor grésillant. Les hommes portent la moustache, le brushing et la chemise ouverte sous le perfecto. On vénère le temps béni des animateurs vedettes nonobstant romantiques de la bande FM, qui font tourner les disques comme d’autres lancent des frisbees en attendant la caravane du Tour de France.
– Oui allo bonjour ?
Ne cherchez pas, tout est là : l’effet réverb dans la voix, les chœurs lalala, les dents blanches, le petit jeu de langue, le combiné en bakélite rouge qui tombe du plafond – et qu’il peine à rattraper – l’auditeur au téléphone qui réclame une dédicace moisie, et surtout, toi, de l’autre côté du poste, toi à qui « dire I love you, c’est si simple après tout, il suffit d’une chanson d’amour. »