Juin, par étymologie, c’est le mois de Junon, soit Juno en latin ; l’occasion est donc idéale de vous faire découvrir le grandiose François Juno.
D’emblée – entendez dès la pochette – on se laisse séduire par ce sympathique rhapsode joufflu, au look vaguement Mazamétain, qui bouscule les codes capillaires et vestimentaires pour imposer sa jovialité surannée. Pour le daubiste averti la chanson « l’An 1999 » n’est pas nouvelle ; on peut même se risquer à dire que c’est un tube. Écrit par Fefeu et composé par Gérard Demaizière ce monument du glauque a fait la gloire d’autres vocalistes comme Sylvie Mestres, qui a représenté la France à l’Eurovision sous le pseudonyme quasi palindromique de Nayah.
« Enfant tu deviendras grand. Enfant on a tout notre temps. » François Juno se pose en prédicateur de la réglementation pénale et prône les vertus de la patience pour ce qui touche aux droits des mineurs. Ce qui n’empêche pas – en attendant – de fantasmer un peu : « Porteras-tu des robes de dentelle, en plastique, en skaï, en arc-en-ciel ? » Une sublime allégorie du transit des jours, à écouter comme on va faire, en toute discrétion, « dans le jardin derrière la maison ».
Je ne veux pas que l’été se termine. Non, je veux le soleil, l’insouciance, la gaieté ; comme Christophe Michel, je veux chanter, et si possible de la bonne daube.
Vous ne connaissez pas Christophe Michel ? Sa biographie est une promesse : professionnel du spectacle, ses nombreuses années d’expérience lui permettent de satisfaire tous les publics. Ainsi, pour une somme variant entre 600 et 900 euros TTC, Christophe vient mettre le feu à votre soirée d’anniversaire, mariage, GN Don Quichotte, baptême, bar mitzvah, etc. Véritable artiste il pourra également vous proposer ses compositions originales. Nous y voilà !
Derrière la coupe mulet des grands soirs, le costume d’Orlando et la voix d’un mauvais sosie de Michel Sardou se cache en fait une star en devenir, qui veut « chanter devant ». « Écoutez-moi, j’existe ! ». D’accord, mais pas trop longtemps alors. « On m’a dit quelque fois que j’avais du talent. » Hein ? Non, qui a osé ? Faudrait pas exagérer quand même…
Voici qu’arrive l’été, le temps des mélodies triviales et insouciantes. Dans le monde oublié de Guy Vivien, on cultive la nostalgie des douces rêveries sur la plage, en écoutant un vieux transistor grésillant. Les hommes portent la moustache, le brushing et la chemise ouverte sous le perfecto. On vénère le temps béni des animateurs vedettes nonobstant romantiques de la bande FM, qui font tourner les disques comme d’autres lancent des frisbees en attendant la caravane du Tour de France.
– Oui allo bonjour ?
Ne cherchez pas, tout est là : l’effet réverb dans la voix, les chœurs lalala, les dents blanches, le petit jeu de langue, le combiné en bakélite rouge qui tombe du plafond – et qu’il peine à rattraper – l’auditeur au téléphone qui réclame une dédicace moisie, et surtout, toi, de l’autre côté du poste, toi à qui « dire I love you, c’est si simple après tout, il suffit d’une chanson d’amour. »